mercredi 19 février 2014

Sécurité ULM

   ULM  Améliorer la sécurité a peu de frais










Il y a plus de quinze ans le 25 septembre 1999, Cathy DE LA MATA décédait, ainsi que Bernard Paoli, à bord d’un Cordouan. A mi janvier 2009 la cour de cassation décidait qu’il n’y avait pas lieu de revenir sur la décision du tribunal de Meaux rendue en décembre 2008  et, de ce fait, mettait un point final à l’affaire Cordouan. Après dix ans de procédures, quatre juges différents (les juges sont remplacés tous les deux ans), trois experts et la conclusion du B.E.A., il a été considéré que la preuve formelle n’avait pas été apportée que l’accident soit dû à l’ouverture de la verrière.
En conséquence il n’a pas été retenu de faute du constructeur, ni pour la mauvaise conception, ni pour la dissimulation des causes des accidents précédents et ce, malgré des témoignages accablants et le fait qu’ils aient modifié le sens d’ouverture des portes (voir Mondial de l’Aviation 2001/2002 page 157).
Rappelons que cet appareil a été conçu et construit par Alain Mignet et Didier Esten.
Dix autres personnes sont mortes, victimes de leur incompétence, de leurs dissimulations et de la carence de la D.G.A.C.
Le dernier cordouan sur les 19 construit  s'est craché en 2013 augmentant ainsi le nombre des morts causé par cette machine

Les causes d’accidents en U.L.M. sont multiples :

·      Faute de pilotage
·      Vol mal préparé
·      Dégradation météo
·      Vol de nuit
·      Mauvais entretien
·      Alcool, etc.
·      Vice caché ou défaut de la machine.

Les six premières causes ont la même importance pour tous les U.L.M. et se traduiront par un taux de sinistralité, par rapport au nombre de machines construites, inférieur à 2 %.

La dernière, le vice caché, est celle que je considère comme la plus sournoise car a priori, pour un utilisateur qui n’a pas eu encore de problème ou un acquéreur éventuel, il est sous-entendu que l’appareil de leur choix est le meilleur.


Pour résoudre ce problème le premier moyen auquel on pense est évidemment une certification par un organisme d’état.
Le coût de cette certification est un élément rédhibitoire et tout le monde sait bien que, à terme, c’est la fin de l’U.L.M.
Une certification par un organisme fédéral serait très compliqué à mettre en place et coûterait également très cher.
Une certification par un syndicat de constructeurs n’est pas fiable. Dans le passé le seul appareil ayant obtenu le Label s’est avéré dangereux et a fait de nombreuses victimes.

Il existe une solution économiquement acceptable qui, bien qu’imparfaite, réduirait notablement le nombre des victimes utilisatrices d’un appareil aux vices cachés.
Il s’agirait de poser une plaque que nous pourrions appeler VITAL, bien en vue sur le tableau de bord  des U.L.M., sur laquelle il serait indiqué en clair :

·      Le nom de l’appareil.
·      Sa date de fabrication
·      Son n° de fabrication.
·       le taux de sinistralité.

Taux de sinistralité =100 / Nombre de machines construites x nombre d’accidents mortels.

Le nom de l’appareil tel qu’il figure sur le dossier déposé à l’aviation civile.
La date et le n° de fabrication tel qu’il doit apparaître sur la facture ou sur la fiche de dépôt.
 son taux de sinistralité. (Ce chiffre est facile à obtenir car tous les accidents mortels sont répertoriés par les assurances).

Dans la déjà longue histoire de l’U.L.M. prenons quelques exemples et voyons ce qu’aurait apporté l’apposition de cette plaque.

Exemples

Le Chikinox
La gouverne de profondeur monobloc pouvait passer d’une portance négative à une portance positive instantanément par rattrapage du jeu dans la commande ,provoquant la mise en piqué instantanée  .
La plaque VITAL d’un appareil ayant fait le rallye d’Algérie en 1989 aurait eu les mentions :
·    Nom de l’appareil :                                Chikinox
·    Date de fabrication :                                    1988
.     Numéro dans la série :                                 33
 .   taux de sinistralité de :                                  12 %
·         (Nombre d’accidents                                        4)
·         ( Nombre de morts :                                         7)

Le Baroudeur
La plaque VITAL d’un appareil fabriqué par Zénith Aviation ayant fait le rallye d’Algérie en 1989 aurait eu les mentions suivantes :
·    Nom de l’appareil :                              Baroudeur
·    Date de fabrication :                                    1986
·    Numéro dans la série :                                  170
·    taux de sinistralité de :                                 1,17 %

·     (Nombre d’accidents :                                     2)
·    (Nombre de morts :                                          2)

Le Cordouan avec lequel Cathy et Bernard ont été tués aurait eu les mentions suivantes :
·    Nom de l’appareil :                               Cordouan
·    Date de fabrication :                                    1999
·    Numéro dans la série :                                    16
·     taux de sinistralité de :                                   12 %


·    (Nombre d’accidents :                                      2)
·    (Nombre de morts :                                          4)

S’il y avait eu une plaque sur la machine de démonstration qui a décidé Bernard Paoli à commander, il ne l’aurait jamais fait car à cette époque il y avait déjà eu 2 accidents avec 4 morts et seulement 9 machines en service.

Le n° suivant l'accident de Cathy ,le N° 17 aurait du avoir une plaque Vital avec un taux de sinistralité de 18 %.ce qui aurait dû inciter Mignet a faire quelque chose d'efficace et la DGAC à interdire de vol le cordouan.

Le dernier accident de cordouan a été enregistré  le 13/10/2013 près de Pontarlier .Le pilote et son passager sont décédés, portant le nombre de victimes à 12.

On m’a fait remarquer que, si par malheur les deux premiers appareils d’une série avaient un accident dû à une autre cause que le vice caché, ce serait commercialement inacceptable pour les constructeurs. Mais tout accident dû à une des six premières causes de la liste ci-dessus trouverait une explication plausible, vérifiable très rapidement et l’appareil serait rapidement mis hors de cause sans ambiguïté.
On conçoit facilement que c’est par des accidents dès la mise en service des premières machines que les vices cachés se manifestent et, de ce fait, le nombre d’accidents provoqué par un vice caché n’est pas relié aux nombres d’heures de vol effectuées.

On m'a fait remarquer également que la pose de cette plaque vital sonnerait le glas de l'ULM et que commercialement et psychologiquement ce serait une erreur . Je ne le crois pas car la rubrique sinistralité pourrait  être affiché que si le taux d'accidents inexpliqués dépassait 2% .

Pourquoi cette plaque Vital ?

Il est très facile de s’intituler constructeur d’U.L.M., mais le résultat n’est pas forcément bon. Même un jeune ingénieur issu d’une grande école d’aviation n’a pas l’expérience de l’art de construire.
Même un constructeur chevronné peut faire des loupés.
Il est difficile de reconnaître que l’on a tort.
Des pressions politiques peuvent jouer.
Des pressions financières peuvent jouer.
La D.G.A.C. a déjà joué les gendarmes et a arrêté de vol des machines dangereuses, mais,
 inexplicablement, le Cordouan qui a fait plus de 12 morts sur 19 machines construites ne l’a jamais été. On ne peut, par conséquent, se reposer sur ce service de l’aviation civile pour freiner la vente ou l’utilisation des machines dangereuses.

Mais une plaque Vital sur le tableau de bord ne saurait mentir.
Un contrôle a posteriori n’est pas aussi efficace qu’un contrôle a priori, ne serait ce que parce qu’il faut au moins un mort pour donner l’alerte, mais il aurait le mérite d’être réaliste en terme de coût et celui d’exister.

En cas de sinistralité supérieure à 2 % les constructeurs ou importateurs devraient réagir très vite.

L'ulm acquerrait ainsi une excellente réputation de sécurité et deviendrait la plus sûr des machines volantes

Des vies seraient sauvées.

Roland MAGALLON